Pas de Loi sur les mesures d’urgences pour l’instant, dit Trudeau
Écrit par Radio Centre-Ville sur 24 mars 2020
Ottawa ne va pas recourir la Loi sur les mesures d’urgence pour le moment, même si les mesures de distanciation sociale en vigueur seront en place pour « plusieurs autres semaines », a affirmé Justin Trudeau, mardi.
Le recours à la Loi sur les mesures d’urgence, qui permettrait au gouvernement de s’arroger des pouvoirs qui appartiennent aux provinces ou aux municipalités, n’est pas exclu, a précisé le premier ministre lors de son point de presse quotidien sur l’évolution du coronavirus devant sa résidence de Rideau Cottage, à Ottawa.
Il s’agit toutefois d’une option de dernier recours
, et il appert que les premiers ministres des provinces et des territoires, avec qui il s’est entretenu lundi soir, estiment que l’heure n’est pas venue de l’invoquer.
Ils ne trouvaient pas qu’on en était à ce point-là encore
, a résumé M. Trudeau.
Le premier ministre canadien a dit croire qu’il aurait le soutien de ses homologues provinciaux, si l’évolution de l’épidémie de coronavirus devait le requérir, mais l’ampleur de ce soutien n’est pas claire.
En anglais, Justin Trudeau a dit que la plupart
des premiers ministres provinciaux soutiendraient cette décision; en français, il a plutôt dit que tous les premiers ministres
seraient d’accord.
Certains premiers ministres provinciaux étaient plus ouverts à ça que d’autres, mais tous ont montré une ouverture à poursuivre la discussion pour s’assurer […] que tout soit fait pour s’assurer que les Canadiens soient en sécurité.
Peu après, le premier ministre du Québec, François Legault, a confirmé avoir dit à M. Trudeau qu’il jugeait prématuré
de recourir à la loi d’exception.
Selon Justin Trudeau, les mesures de distanciation sociale maintenant recommandées par tous les ordres de gouvernement au pays seront en place pour plusieurs autres semaines
.
Plus tôt, M. Trudeau avait dit que son gouvernement ne sait pas
combien de temps ces mesures seront en vigueur. Chose certaine, plus les gens respecteront les consignes, plus le retour à la normale sera rapide, a-t-il réitéré.
Si trop de gens défient les consignes, des mesures plus strictes
seront adoptées, a aussi répété le premier ministre, dans ce qui semblait être une allusion voilée à la Loi sur les mesures d’urgence.
Pas de recours aux technologies pour suivre les Canadiens à la trace
Justin Trudeau a par ailleurs assuré que le gouvernement canadien n’utilise pas de technologies particulières pour suivre les Canadiens à la trace et ainsi s’assurer du respect des mesures de confinement, comme le font certains pays comme la Chine et Israël.
On reconnaît tous qu’on est dans une situation ou les comportements, les choix qu’on doit faire en tant que gouvernement vont être différents de ce qu’on ferait dans une situation qui n’est pas une situation d’urgence
, a-t-il indiqué.
Mais à ce que je sache, on n’est pas en train de prendre des mesures comme ça. Toutes les options sont sur la table, mais c’est n’est pas quelque chose qu’on est en train de faire à ce point-ci, et pas quelque chose que je sais qu’on est en train de contempler pour les jours à venir.
L’administratrice en chef de la santé publique du Canada, la Dre Theresa Tam, s’est cependant montrée plus ouverte à cette possibilité lors de son propre point de presse quotidien.
Il faut se pencher là-dessus, [mais] c’est sûr qu’il y a des questions éthiques [à se poser]. Il faut avoir un bon équilibre avec le respect de la vie privée
, a-t-elle commenté.
Au sujet des Canadiens toujours coincés à l’étranger en raison des mesures adoptées par de nombreux gouvernements, M. Trudeau a indiqué qu’Ottawa travaille pour envoyer des avions au Panama, en Tunisie et en Ukraine, en plus des vols déjà annoncés lundi.
Trudeau circonspect sur les subventions salariales
Le premier ministre n’a pas voulu commenter directement les propositions qui émanent des milieux d’affaires, qui demandent à Ottawa de couvrir, avec les provinces, 75 % ou 100 % des salaires des employés jusqu’au retour à la normale, plutôt que de recourir à des programmes existants, comme l’assurance-emploi.
Nous envoyons directement de l’aide directement aux travailleurs qui se qualifient pour l’assurance-emploi ou non et nous allons aider les entreprises à pouvoir garder les gens dans leur compagnie, et ne pas devoir les mettre à pied
, a-t-il répondu.
Nous reconnaissons que dans une situation comme ça, il n’y a pas une solution qui va fonctionner pour tout le monde, pour chaque famille. On a besoin de plusieurs mesures. Il y a différentes façons d’acheminer l’appui nécessaire aux familles
, a-t-il ajouté.
Les mesures d’urgence annoncées la semaine dernière vont aider les Canadiens, a-t-il aussi dit, en référence au plan de soutien de l’économie de 82 milliards de dollars qu’il a annoncé la semaine dernière. Ce plan est débattu à la Chambre des communes mardi.
Il a toutefois reconnu qu’acheminer autant d’argent à autant de monde
constitue un défi massif pour le gouvernement
, mais qu’il ne s’agit que d’un départ
et que son gouvernement réfléchit à d’autres façons
d’aider les Canadiens.
Beaucoup de transmission communautaire au Canada
La Dre Tam a par ailleurs déclaré aux médias que l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) constate que la maladie se répand désormais beaucoup dans la communauté, ce qui constitue un changement fondamental
.
Si le Canada veut endiguer la propagation de la COVID-19, les consignes d’isolement et de distanciation sociale deviennent d’autant plus importantes, a-t-elle rappelé.
Le sous-administrateur en chef de la santé publique, le Dr Howard Njoo, a précisé qu’environ la moitié des cas de COVID-19 au Canada sont maintenant le résultat d’une transmission communautaire.
Selon lui, près de 90 % des cas signalés à l’ASPC au cours des derniers jours sont attribuables à de la transmission communautaire.
Le Dr Njoo a par ailleurs révélé que 220 passagers du paquebot Grand Princess qui avaient étéisolés à la base militaire de Trenton à leur retour au pays ont pu retrouver leur liberté parce qu’ils ne présentaient aucun symptôme au terme de leur quarantaine de 14 jours.
À 14 h mardi, le Canada recensait 2584 cas de COVID-19. La maladie a emporté 25 personnes, mais 112 autres ont officiellement guéri.