Ottawa évalue les options pour aider l’Alberta si la mine Frontier n’est pas approuvée

Écrit par sur 8 février 2020

Le gouvernement fédéral doit décider d’ici la fin du mois si la plus grande mine de sables bitumineux du pays pourra être construite, dans le nord de l’Alberta, ce qui apporterait des milliers de nouveaux emplois. Il songe déjà à quelques bouées de secours à envoyer à la province si la réponse est négative.

La mine Frontier, de la compagnie Teck Resources, est un projet de 20,6 milliards de dollars qui augmenterait de 10 % la production totale des sables bitumineux en Alberta, selon l’expert en politiques énergétiques de HEC Montréal Olivier Pineau.

Selon le gouvernement albertain, le projet permettrait de donner un coup de pouce à l’économie et aux emplois de la province, où le taux de chômage a atteint 7,3 % le mois dernier.

Le mégaprojet détruirait cependant quelque 14 000 hectares de milieu humide, empiéterait largement sur les terres traditionnelles autochtones et risquerait d’avoir des effets négatifs importants sur des espèces comme le lynx du Canada, le caribou des bois et la harde de bisons du lac Ronald, selon un rapport conjoint des gouvernements canadien et albertain.

Le même rapport conclut néanmoins que l’exécution du projet serait dans l’intérêt national, étant donné ses importantes répercussions économiques. 

Le ministre de l’Environnement de l’Alberta, Jason Nixon, a déclaré sur Twitter que les Albertains ne seraient pas impressionnés si Ottawa changeait les règles du jeu en cours de route. Le premier ministre, Jason Kenney, a même dit qu’il considérerait un refus du fédéral comme une agression.

Selon l’agence Reuters, une source proche de l’affaire, qui souhaite rester confidentielle étant donné le caractère sensible de ses propos, croit qu’il y aura une grande lutte au sein du Cabinet à ce sujet.

Rejeter Teck sans donner quelque chose en échange à l’Alberta reviendrait à un suicide politique, a-t-elle confié à Thomson Reuters.

Apaiser l’Alberta en cas de refus

Cinq sources différentes ont confirmé que le Cabinet envisageait plusieurs options pour apaiser les tensions en cas de refus, notamment celle d’un coup de pouce financier pour décontaminer les puits de pétrole et de gaz que les compagnies n’utilisent plus.

La responsabilité des puits abandonnés ou orphelins est un problème persistant pour la province, qui a récemment poussé le vérificateur général de l’Alberta à ouvrir une enquête.

Une des sources a également cité l’idée de modifier le programme de stabilisation fiscale, comme le demande Jason Kenney, afin que les provinces puissent recevoir plus d’argent du fédéral quand leur économie traverse une période trouble. Selon elle, des investissements dans les infrastructures de la province sont aussi envisagés.

Le gouvernement albertain ne semble pas s’être montré particulièrement emballé par l’idée d’utiliser le projet comme levier de négociations.

Teck n’est pas un cadeau politique. [Le projet] mérite d’être approuvé en raison de ses vertus, a déclaré l’attachée de presse de Jason Kenney, Christine Myatt.

Selon les sources de Reuters, la vice-première ministre canadienne, Chrystia Freeland, et le ministre des Ressources naturelles, Seamus O’Regan, semblent pencher vers une approbation du projet. Le premier ministre canadien, Justin Trudeau, n’a pas fait connaître sa position.

C’est une décision du Cabinet qui doit suivre son cours, a déclaré son porte-parole, Cameron Ahmad.

Avec les informations de Thomson Reuters


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