Le Québec de la CAQ, c’est l’Ontario plus l’hydroélectricité

Écrit par sur 10 mars 2020

Il faut avoir vécu les années d’austérité libérale, la lutte contre le déficit sous Lucien Bouchard, se souvenir de la récession de 1981 pour saisir que le Québec est rendu ailleurs. Là, en fait, où il n’a jamais été.

Surplus budgétaires qui se succèdent, plein emploi, une dette qui baisse sans cesse… Rêver de coiffer l’Ontario au poteau n’est peut-être plus une vaine chimère. C’est celle, du moins, du gouvernement Legault, qui mise gros sur une hausse de la productivité pour passer du rêve à la réalité d’ici… 2043.

Déjà, estime le ministre des Finances Eric Girard, le Québec est dans la bonne direction. Alors que le taux d’emploi est depuis 10 ans le principal facteur de croissance économique de la province, en 2019, ce sont les gains de productivité qui ont changé la donne.

« Une vision ambitieuse » pour l’environnement

La confiance de ce gouvernement dans ses moyens est telle qu’il s’estime en mesure d’allier heureusement création de richesse et réduction des gaz à effet de serre (GES). Nous augmenterons notre richesse en bâtissant une économie verte, dit le ministre Eric Girard dans son discours. L’approche préconisée : miser sur l’électrification de l’économie, en donnant priorité aux transports.

Des chiffres? 15,8 milliards de dollars sont inscrits durant la période 2020-2030 pour le transport collectif dans le Plan québécois des infrastructures (PQI). Des chantiers sont prévus à Québec, Gatineau, Montréal, Laval, Longueuil et en Montérégie. Le programme Roulez vert, qui soutient l’achat de véhicules électriques et la pose de bornes de recharge, se poursuit : 1,4 milliard sur six ans.

Pour la vue d’ensemble, cependant, il faudra attendre la politique cadre du ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques qui sera déposée prochainement, mais il est tout de même question de 6,2 milliards de dollars d’investissements sur six ans pour la mise en œuvre de ce plan.

Un montant qui n’impressionne pas Québec solidaire qui y voit de l’écoblanchiment comptable de la part du ministre. Il n’y a pas plus de 2 milliards d’argent frais dans tout cela, soutient le député solidaire Vincent Marissal.

« Tout ce que je fais, c’est pour le long terme », dit Eric Girard

Québec s’engage dans l’avenir avec des finances publiques saines, affirme le ministre. Au 31 mars 2020, le ratio de la dette brute par rapport au PIB s’établira à 43 %. Pour ce qui est de la dette représentant les déficits accumulés en pourcentage de PIB, il s’agit de 20,9 %. Ce que ça signifie? En gros, mission accomplie. La Loi sur la réduction de la dette et instituant le Fonds des générations prévoyait que, pour l’année 2025-2026, la dette brute ne pourrait excéder 45 %, et la dette liée aux déficits accumulés, 17 % à l’horizon 2022-2023.

De plus, Québec a terminé l’année financière 2019-2020 avec un surplus de 1,9 milliard de dollars et prévoit maintenir l’équilibre budgétaire en 2021, le surplus prévu de 2,7 milliards étant destiné dans son entièreté au Fonds des générations.

Notons aussi, pour plus de précisions, que Québec enregistre en fait en 2019-2020 des surplus de 4,5 milliards avant le versement au Fonds des générations, et ce, malgré la perte de 603 millions liée au programme A220 d’Airbus (l’ex-C Series de Bombardier).

Le ministre des Finances Eric Girard estime donc que le Québec est en bonne position pour affronter les soubresauts de l’économie mondiale que semble nous promettre le coronavirus.

Le Québec est en position de force pour faire face à un éventuel ralentissement économique.

Il affirme avoir d’ailleurs tenu compte de cette réalité au moment de fixer à 5,1 % la croissance des dépenses pour l’année 2020-2021, pour un total de 118,6 milliards de dollars.



Plus pour les populations vulnérables

Cette croissance se répercute bien évidemment sur les secteurs de la santé et de l’éducation, qui raflent 85 % des 3,7 milliards de dollars supplémentaires dégagés pour les dépenses de programmes. Ces hausses permettront notamment d’améliorer l’accès aux services de première ligne en santé, un vieux cheval de bataille, mais aussi d’aider les personnes les plus vulnérables, dont les aînés, les jeunes et les femmes victimes de violence conjugale.

Québec ajoutera par ailleurs pour cette même période quelque 350 nouvelles classes de maternelle 4 ans, au coût de 19 millions de dollars, en portant à 1010 le nombre total de classes. Quelque 15 millions de dollars seront aussi investis dès cette année pour l’ajout de 150 classes destinées aux élèves doués ou en difficulté, ces élèves dont les besoins ne peuvent être satisfaits en classe ordinaire. Environ 21 millions de dollars seront aussi consacrés afin d’assurer un seuil minimal de services pour les élèves à besoins particuliers.

Santé : hausse des dépenses de 5,3 %

Éducation : hausse des dépenses de 4,5 %

Québec est aussi en mesure de remettre un peu d’argent dans les poches des Québécois, un credo cher au cœur de François Legault, notamment en réduisant de nouveau les taux de la taxe scolaire, dès le 1er juillet 2020. Les propriétaires d’une résidence devraient donc se retrouver avec 100 $, 200 $, 300 $ de plus dans leurs poches dès 2020-2021, pour un total de 182 millions de dollars.

Québec réserve enfin quelque 457 millions de dollars en investissements additionnels, également répartis sur cinq ans, dans la culture, afin de promouvoir la spécificité québécoise. Ces fonds serviront à la création et à l’exportation de la culture québécoise, au soutien aux organisations culturelles et muséales, et à la protection et la promotion de la langue française. L’industrie de la musique, malmenée par la culture du numérique, en bénéficiera, le gouvernement ayant décidé de bonifier les crédits d’impôt existants pour la production d’enregistrements sonores et pour la production de spectacles.

Alors, pour nuancer, disons plutôt que le Québec de la Coalition avenir Québec, c’est l’Ontario, plus l’hydroélectricité, plus un coup de main à la culture.


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