Le ministre de l’Environnement du Québec bonifie son plan avec la crise

Écrit par sur 22 avril 2020

Le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques se fait discret depuis le début de la crise de la COVID-19. Benoit Charette passe tout son temps dans sa circonscription de Deux-Montagnes à faire du télétravail. Et cette nouvelle réalité l’a inspiré à perfectionner son Plan 2030 pour une économie verte.

À l’occasion du Jour de la Terre, le ministre fait une promesse : l’environnement ne sera pas sacrifié par la relance de l’économie, au contraire. Voici l’entrevue qu’il a accordée à Radio-Canada.

François Legault a formé un comité de relance pour préparer l’après-crise avec quatre ministres [Économie, Finances, Travail et Conseil du Trésor]. Pourquoi le ministre de l’Environnement que vous êtes n’en fait pas partie?

Benoit Charette – C’est un comité de coordination. Ça veut dire que l’ensemble des ministres auront à collaborer. On fait tous partie d’une même équipe. Vous comprendrez qu’on ne peut pas avoir 26 coordonnateurs. Je suis confiant : ces quatre ministres m’ont toujours appuyé dans les initiatives environnementales.

De quelle façon participez-vous à cette préparation de la relance?

B.C. Le Plan pour une économie verte (PEV) que nous devions dévoiler à la fin mars sera présenté dans les prochains mois ou semaines, lorsque le calendrier le permettra. C’est un plan de développement qui contribuera très certainement à la relance économique. François Legault a eu l’occasion de le réitérer, on va miser largement sur l’électrification des transports et des industries. Donc ce sera d’autant plus pertinent pour se relever de cette crise.

Est-ce que le Plan va être appliqué tel que prévu avant la crise ou sera-t-il modifié au regard de cette nouvelle réalité?

B.C. Ce sera le même pour l’essentiel, mais cette crise nous ouvre de nouvelles possibilités, comme le télétravail.

Le Plan sera bonifié avec l’expérience de la crise. Le télétravail a plusieurs vertus.

Le fait d’avoir moins de déplacements sur nos routes a un avantage indéniable au niveau de la congestion et des transports.

L’état des finances publiques du Québec n’est plus le même en raison de cette crise. Est-ce qu’il y aura moins d’argent pour le ministère de l’Environnement?

B.C. Il est trop tôt pour faire état de modifications budgétaires, mais on est tous conscients que la crise actuelle engendre des dépenses très importantes. Tout le monde devra s’adapter à cette nouvelle réalité. Rappelons qu’il y a quelques semaines, le déficit était inexistant. Mais ce n’est pas une préoccupation qui nous habite à ce temps-ci. Nous sommes tous orientés sur la préoccupation de santé publique.

Le Fonds d’électrification et de changements climatiques [l’ancien Fonds vert] que gère votre ministère a retiré des revenus de près d’un milliard de dollars en 2019 du marché du carbone. Avec l’économie à terre, est-ce qu’on prévoit une forte baisse de ces revenus?

B.C. C’est la grande question qui est abordée à chacune de nos rencontres au ministère. On ignore encore quel sera l’impact. On travaille sur différents scénarios : avec les revenus prévus ou à la baisse. On suit ça avec beaucoup d’attention.

Comment va-t-on s’assurer que cette relance économique respecte l’environnement? Parfois, quand il s’agit d’emploi, ça devient secondaire…

B.C. Je peux vous réitérer qu’on maintient les objectifs ambitieux que l’on s’est donnés en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre [- 37,5 % d’ici 2030].

On ne vise pas une relance qui viendrait sacrifier l’environnement. Au contraire, il y a de belles opportunités.

Le dernier budget, présenté juste avant la crise, impliquait des dépenses considérables en transport collectif et le premier ministre veut même accélérer ces investissements. On évalue comment les devancer.

Vous parlez ici des six projets de tramways [Québec, Est de Montréal, Longueuil, Chambly-Saint-Jean, Laval et Gatineau]. De combien de temps voulez-vous les devancer?

B.C. C’est toujours frustrant, lorsqu’on met de l’avant des projets : beaucoup de temps est consacré à la négociation avec le gouvernement fédéral pour voir quelle part il assumera.

On veut donc accélérer, quitte à ce qu’on assume une plus grande partie que prévue initialement au financement de ces projets [de tramways].

On souhaite mettre en chantier dès que possible certains de ces projets.

Avec la crise de la COVID-19, on se rend compte, plus que jamais, de l’importance d’écouter la science et les experts. Est-ce que le projet de troisième lien entre Québec et Lévis tient toujours alors qu’on aura moins d’argent et que des experts disent de ne pas le faire?

B.C. La science, il faut voir comment on l’interprète. C’est un dossier qui a bien évolué au cours des derniers mois. Mon collègue François Bonnardel [ministre des Transports] a réussi l’impensable en ralliant les maires de Québec et Lévis. Et pour réussir ce coup de dés très brillant, il a mis l’accent sur le transport collectif.

L’entrevue a été éditée par souci de concision et de clarté.


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