Le Canada pourrait atteindre un déficit d’une ampleur historique

Écrit par sur 9 avril 2020

Le directeur parlementaire du budget estime que les dernières mesures annoncées par le gouvernement fédéral ajouteront au déficit fédéral qui pourrait atteindre 184 milliards de dollars en 2020-2021. Et d’autres emprunts seront nécessaires pour relancer l’économie après cette crise, souligne-t-il.

Le 27 mars dernier, le directeur parlementaire du budget (DPB), Yves Giroux, publiait une analyse sur ce que pourrait être la réalité économique et financière du pays cette année et l’an prochain.

Yves Giroux avait alors affirmé que le Canada se dirigeait vers un déficit de plus de 112 milliards de dollars, en 2020-2021.

Jeudi, le DPB a publié une mise à jour de ce scénario : pour 2020-2021, toujours, le déficit fédéral pourrait atteindre plus de 184 milliards de dollars et la dette publique, 897 milliards.

Cette estimation révisée du déficit budgétaire prend en compte les mesures fédérales annoncées jusqu’au 7 avril inclusivement, en lien avec la pandémie de COVID-19.

À ce jour, ces mesures budgétaires prises par le gouvernement de Justin Trudeau totalisent 105,5 milliards de dollars, selon les estimations de coûts de Finances Canada et du DPB. Parmi ces mesures, rappelons laSubvention salariale d’urgence et la Prestation canadienne d’urgence.

Jeudi, le Canada comptait plus de 20 000 cas de coronavirus. Au pays, le bilan des décès lié à la maladie s’établit désormais à 527.

Lors de son point de presse quotidien, à Ottawa, le premier ministre Justin Trudeau a déclaré : on pourrait atteindre le sommet de la courbe [du nombre de cas dépistés] à la fin du printemps et la première vague pourrait se terminer pendant l’été.

Distanciation sociale tout l’été

Dans son analyse mise à jour, Yves Giroux dit partir du principe que les mesures de distanciation sociale et de confinement […] demeureront en vigueur pendant près de six mois, soit jusqu’à la fin du mois d’août et qu’elles suffiront à aplatir la courbe ou à lisser la courbe épidémique de la COVID-19.

Le DPB suppose aussi que la Banque du Canada maintiendra la cible du taux directeur à son niveau actuel, soit 0,25 %, tout au long de 2020. Il croit aussi que les mesures prises concernant la politique monétaire et financière soutiendront l’économie et empêcheront la multiplication des faillites personnelles et commerciales.

Par rapport à la taille de l’économie canadienne, le déficit budgétaire % du produit intérieur brut (PIB) en 2020-2021″,”text”:”s’élèvera à 8,5% du produit intérieur brut (PIB) en 2020-2021″}}” lang=”fr”>s’élèvera à 8,5 % du produit intérieur brut (PIB) en 2020-2021, écrit Yves Giroux.

% du PIB, c’était en 1984-1985″,”text”:”Pour donner une idée de son ampleur historique, écrit le DPB, rappelons que la dernière fois qu’il [le déficit budgétaire] a atteint près de 8,5% du PIB, c’était en 1984-1985″}}” lang=”fr”>Pour donner une idée de son ampleur historique, écrit le DPB, rappelons que la dernière fois qu’il [le déficit budgétaire] a atteint près de 8,5 % du PIB, c’était en 1984-1985, soit après la récession du début des années 1980.

Le DPB affirme que cette mise à jour doit aider les parlementaires à évaluer les possibles répercussions économiques et financières de la pandémie de COVID-19 et des développements récents sur le marché du pétrole.

Le DPB rappelle que ce scénario ne constitue pas une prévision. Il ne montre qu’une des issues possibles à la situation.

Plus de chômeurs

L’ampleur de la récente augmentation du nombre de chômeurs est sans précédent depuis près de 45 ans.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Jeudi, Statistique Canada révélait qu’au pays, le nombre de chômeurs s’était accru de 413 000 de février à mars. Cette variation mensuelle de 36,4 % est sans précédent depuis 1976, année où ces données comparables ont commencé à être publiées.

Dans sa mise à jour, le DPB prévoit que le nombre de chômeurs pourrait s’élever à un peu plus de 3 millions au troisième trimestre de 2020.

Jeudi, le premier ministre canadien s’est engagé à continuer de faire ce qui est nécessaire. Des mesures supplémentaires pour répondre aux besoins des Canadiens ne sont pas exclues, a-t-il laissé entrevoir.

C’est aussi l’avis de Yves Giroux : d’autres mesures financières pourraient être nécessaires pour soutenir l’économie au cours des mois à venir, a-t-il écrit.

Comme dans les années 1940…

Le DPB prévoit aussi qu’après ces mesures de soutien, des mesures destinées, elles, à la relance économique seront requises. Surtout si le comportement des consommateurs et des entreprises ne revient pas à la normale rapidement, fait-il valoir.

Dans cette perspective, et du fait que les taux offerts sur le marché du crédit sont historiquement bas, le gouvernement canadien contractera vraisemblablement au besoin d’autres emprunts importants, toujours selon Yves Giroux.

Ce dernier rappelle que, durant les pires années de la Seconde Guerre mondiale, soit de 1942 à 1945, le gouvernement canadien avait adopté des mesures qui avaient entraîné d’énormes déficits, atteignant en moyenne, 21 % du produit national brut (PNB).

Mais ces déficits n’étaient pas de nature permanente, écrit Yves Giroux. En effet, peu de temps après la Seconde Guerre, Ottawa enregistrait % du PNB, en 1947″,”text”:”le plus important excédent budgétaire jamais enregistré en pourcentage de l’économie, soit 5% du PNB, en 1947″}}” lang=”fr”>le plus important excédent budgétaire jamais enregistré en pourcentage de l’économie, soit 5 % du PNB, en 1947.

Des moments qu’a lui aussi évoqués M. Trudeau jeudi, rappelant que des générations de Canadiens avaient fait des sacrifices pendant les grandes guerres.


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