Expérience de travail exigée pour la nouvelle réforme en immigration
Écrit par Radio Centre-Ville sur 19 mai 2020
L’expérience de travail sera au cœur de cette nouvelle réforme du Programme de l’expérience québécoise (PEQ), selon les informations obtenues par Radio-Canada.
À l’automne passé, une première version, présentée par le ministre de l’Immigration Simon Jolin-Barrette, avait été vivement critiquée par les milieux des affaires et éducatifs.
Seuls certains domaines de formation et de travail, inscrits sur une liste qui comprenait de nombreuses incohérences, donnaient alors accès au PEQ, provoquant la colère des universités, cégeps et de représentants du patronat.
À ce jour, le PEQ permet à tous les travailleurs étrangers temporaires et étudiants internationaux diplômés, déjà présents dans la province, de postuler à ce programme, sans critère de formation ou de domaine de travail. Une connaissance du français est néanmoins indispensable.
Ce programme est très populaire et le nombre de personnes qui en bénéficient est en constante augmentation depuis sa création en 2010. L’an passé, près de 15 000 étudiants et travailleurs étrangers ont par exemple été sélectionnés par le PEQ. Aucun quota, aucune limitation n’existent à ce jour.
Un accès rapide vers l’immigration permanente
Le PEQ est une voie rapide vers l’immigration permanente. À travers ce programme, le gouvernement délivre un certificat de sélection du Québec (CSQ) en moins d’un mois. Ce document doit ensuite être envoyé à Ottawa, afin d’obtenir la résidence permanente. Celle-ci permet de travailler librement partout au Canada, avec n’importe quel employeur. Ce processus d’immigration permanente, sans passer par le PEQ, prend quant à lui plusieurs années.
Resserrement des critères d’accès
Québec compte désormais restreindre l’accès au PEQ, tel que cela avait déjà été mis de l’avant dans un document de consultation, publié en février. Dans ce dernier, il est mentionné que la popularité sans cesse croissante du PEQ
a pour effet de réduire
les demandes provenant des autres catégories des travailleurs qualifiés.
Il faut plus que jamais favoriser la venue de travailleuses et de travailleurs dont le profil correspond davantage aux besoins du marché du travail
, est-il écrit.
Pour y parvenir, le gouvernement va demander aux étudiants internationaux d’avoir une expérience de travail, dans leur domaine, avant de pouvoir postuler au PEQ.
Celle-ci, selon nos informations, pourrait varier de un à deux ans. Deux années d’expérience seraient par exemple nécessaires pour les diplômés d’études professionnelles (DEP). Un an d’expérience serait exigé pour ceux ayant fréquenté une université.
Concernant les travailleurs temporaires, une année d’expérience de travail est actuellement réclamée. Une durée supérieure serait désormais demandée. Celle-ci pourrait grimper jusqu’à trois ans.
Une analyse des cibles d’immigration en cours
Dans le même temps, le gouvernement du Québec prépare actuellement une révision des cibles d’immigration. Le mois passé, le premier ministre François Legault n’a pas caché que ces seuils pourraient être revus à la baisse, en raison des conséquences de l’épidémie du taux de chômage en nette hausse. On est en train d’étudier la question
, a confirmé la semaine passée le ministre Jolin-Barrette, en parlant d’un inventaire toujours important
de dossiers en attente de traitement à Ottawa. À l’heure actuelle, Québec prévoit d’admettre dans la province un maximum de 44 500 personnes cette année.
Des exclusions et une clause de droits acquis
Tous les travailleurs n’auraient cependant pas accès au PEQ, selon ce qui a été présenté, ces dernières semaines, par l’équipe du ministre Simon Jolin-Barrette à des représentants du milieu des affaires.
Des exclusions seraient ainsi en vigueur pour les domaines d’emploi les moins qualifiés, soit ceux appartenant aux classes C et D, de la Classification nationale des professions. On parle par exemple de barmans, manutentionnaires, de caissiers ou des travailleurs agricoles.
À l’heure actuelle, d’ailleurs, l’expérience de travail dans les professions de niveau D n’est pas admissible dans le cadre des demandes d’immigration visant la catégorie économique.
Selon plusieurs sources, une clause de droits acquis sera également annoncée par Québec. Ainsi, les étudiants et travailleurs étrangers déjà au Québec ne seront pas visés directement par cette réforme.
La cabinet de Simon Jolin-Barrette n’a quant à lui pas répondu aux demandes de Radio-Canada.