Des CHSLD acceptent de nouveaux résidents atteints de la COVID-19
Écrit par Radio Centre-Ville sur 20 mai 2020
Après plus d’un mois d’interdiction, les admissions ont repris en CHSLD afin de libérer des lits dans les hôpitaux. Mais dans le Grand Montréal, les nouveaux résidents prennent surtout le chemin des zones chaudes, où des places se sont libérées avec le nombre élevé de décès.
Georgette Major désespère d’obtenir une place en CHSLD depuis plus de six mois. Atteinte de multiples problèmes de santé, la dame de 74 ans n’en peut plus d’attendre dans un lit d’hôpital de l’Hôtel-Dieu de Sorel-Tracy, où elle a été admise le 12 novembre 2019.
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, déplore-t-elle. En intégrant un CHSLD, Georgette aimerait se sentir un peu plus chez elle. En raison de la pandémie, elle n’a même pas le droit de recevoir de visites à l’hôpital.
Je trouve ça aberrant. C’est effrayant ce que je vis, je trouve ça très difficile.
En date du 25 avril, 3187 Québécois comme Georgette attendaient une place en CHSLD. Mais aujourd’hui, pour intégrer un centre d’hébergement du Grand Montréal, mieux vaut avoir attrapé le coronavirus.
Les places qui se libèrent sont surtout dans les zones rouges des établissements, là où le virus a fait des ravages. 2509 résidents de CHSLD sont décédés de la COVID-19.
L’orientation actuelle du ministère de la Santé et des Services sociaux est en effet de reprendre les admissions de cas confirmés dans les zones chaudes de nos CHSLD
, indique Marie-Hélène Giguère, porte-parole du CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal.
Nous recommençons lentement, avec toutes les précautions nécessaires, à faire des admissions en zones chaudes uniquement pour des usagers COVID positifs. Pour le moment, nous ne sommes pas en mesure d’admettre des usagers qui n’ont pas la COVID.
L’objectif de ces nouvelles admissions est de libérer nos lits d’hôpitaux
, explique Catherine Dion, porte-parole du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal.
Comme les nouveaux résidents positifs à la COVID-19 sont admis dans les zones chaudes, il n’y a donc pas d’enjeu de contamination pour ces personnes
, ajoute le CIUSSS.
Le Conseil pour la protection des malades demande d’attendre
Le président du Conseil pour la protection des malades, Paul Brunet.
Photo : Radio-Canada
On ne doit pas remplir encore les CHSLD avec du monde à risque
, dénonce le président du Conseil pour la protection des malades, Paul Brunet. Selon lui, les aînés atteints de la COVID qui ont besoin de soins cliniques doivent être traités à l’hôpital.
Les CHSLD sont un des pires endroits où ramener les gens
, dit Paul Brunet. On a déjà de graves problèmes à gérer la sécurité de ceux qui ne sont pas atteints [de la COVID] et à gérer adéquatement les zones froides et les zones chaudes.
J’aimerais ça qu’on arrête un peu et qu’on réfléchisse, au lieu de commettre d’autres erreurs qu’on va regretter et accabler encore plus les CHSLD.
Au mois de mars, des centaines d’aînés avaient été transférés des hôpitaux vers les CHSLD pour libérer des lits, jusqu’à ce que le ministère de la Santé impose la fin des transferts début avril. Ils sont de nouveaux possibles depuis début mai.
Des établissements attendent encore
Preuve que le dossier est délicat à gérer : les admissions n’ont pas encore repris dans les CHSLD de Laval, même si le CISSS « planifie la reprise ». Même chose au CIUSSS Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal : Nous examinons présentement la façon la plus sécuritaire d’admettre des résidents qui sont atteints de la COVID et les résidents qui ne sont pas atteints
, explique le porte-parole Barry Morgan.
Inquiétudes pour les résidents négatifs et rétablis
Thérèse Marineau a guéri de la COVID-19 au CHSLD Berthiaume-Du Tremblay.
Photo : Courtoisie/Réal Migneault
Au CHSLD Laurendeau, à Montréal, où 81 des 300 résidents sont morts, l’établissement a accueilli de nouveaux pensionnaires malades de la COVID ces derniers jours.
Une infirmière qui a requis l’anonymat s’en offusque, car des positifs et des négatifs partagent des étages : Mes résidents qui sont guéris, ils ont besoin de recommencer à se lever et à se promener dans les corridors. La plupart n’ont pas marché depuis deux mois. Ils ont perdu beaucoup de capacités.
S’ils rentrent plein de nouveaux COVID, ça va être impossible. On ne peut pas leur faire vivre ça à nouveau! Ça commençait à se calmer…
Plusieurs travailleurs de la santé et des médecins ont signalé à Radio-Canada que des étages de CHSLD mélangent encore résidents positifs et négatifs.
14 jours en zone tampon tiède avant d’être admis en zone froide
Directive permettant les admissions en CHSLD, même pour les malades de la COVID.
Photo : MSSS
Il n’est pas permis d’admettre une personne suspectée ou confirmée atteinte du coronavirus dans un CHSLD qui n’a pas déjà des cas de COVID-19
, indique le ministère de la Santé dans sa directive.
Québec permet toutefois les admissions dans les CHSLD froids ou leurs zones froides de nouveaux résidents guéris ou négatifs, mais il est requis de réaliser un test de dépistage préalable.
Par exemple, dans Lanaudière, les admissions en zones froides ont lieu après cette transition en zone tampon, confirme le CISSS.
Qui doit payer les chambres vides dans les CHSLD privés?
Les chambres vides sont un nouveau problème dans les CHSLD privés qui ne parviennent pas à les remplir.
Normalement, les règles de la Régie du logement permettent aux établissements de facturer le loyer aux familles jusqu’à deux mois après le décès d’un résident, sauf si le CHSLD trouve un nouveau résident pour occuper la chambre.
C’est la situation face à laquelle s’est retrouvé Jean-Pierre Chelhot qui a perdu sa mère au CHSLD Valeo de Saint-Lambert. Le 24 avril, alors qu’il est aux côtés de la dépouille, le personnel lui rappelle qu’il devra payer les deux prochains mois de loyer, soit un total de 10 000 $.
À la suite de ses courriels de plainte auprès de l’établissement, ainsi que d’autres proches dans la même situation, le CHSLD a finalement décidé de ne pas leur facturer les loyers restants.