Bibliothèques publiques au N.-B. : le processus d’embauche dénoncé par l’ancienne directrice

C’est de retour d’un séjour de deux mois à l’extérieur du pays que Sylvie Nadeau a appris qu’elle avait été remplacée par Kevin Cormier, qui ne possède pas d’expérience ni de formation en bibliothéconomie.

Dans une lettre adressée au premier ministre Blaine Higgs, elle allègue que l’annonce pour son poste visait à permettre à la province de la remplacer par une personne qui n’est pas bibliothécaire.

« Des failles très, très importantes »

Sylvie Nadeau a occupé le poste de bibliothécaire provinciale et de directrice générale du Service des bibliothèques publiques du Nouveau-Brunswick pendant 20 ans, jusqu’à sa retraite en décembre dernier. Dans sa lettre au premier ministre, elle lui demande de revoir en profondeur le processus d’embauche.

Je pensais que c’était de mon devoir comme ancienne bibliothécaire provinciale et aussi comme citoyenne de l’alerter parce que je crois que le gouvernement doit mener un examen indépendant et impartial de l’ensemble du processus de recrutement qui a eu lieu ici parce que selon moi il y a des failles très, très importantes, affirme Sylvie Nadeau en entrevue à l’émission La matinale, d’ICI Acadie.

Quiconque a dirigé ce processus a dû se penser puissant, intouchable et invincible pour croire que cela allait passer inaperçu ou sans contestation.

Tout d’abord, explique-t-elle, l’offre d’emploi comprenait moins d’exigences qu’auparavant. Les qualifications essentielles jusque-là, explique-t-elle, étaient la maîtrise en bibliothéconomie ainsi que neuf années d’expérience incluant la gestion et la supervision de bibliothèques et la connaissance de grands réseaux de bibliothèques.

Bien que l’annonce indiquait la maîtrise en bibliothéconomie, elle avait éliminé complètement l’expérience spécialisée dans la gestion des bibliothèques, déplore Sylvie Nadeau.

Elle demande aussi au premier ministre de réviser le processus de présélection des candidats et de s’assurer qu’il n’y avait aucun conflit d’intérêts au sein du comité de sélection.

De plus, Sylvie Nadeau soutient qu’elle connaissait au moins deux candidats internes hautement qualifiés qui ont passé un entretien pour ce poste, dont le salaire annuel peut atteindre près de 114 000 $.

Le recours à un programme provincial dénoncé

La directrice par intérim des communications du ministère, Erika Jutras, a précisé en février dernier que le poste a fait l’objet d’un concours avant d’être pourvu par l’entremise du Programme de gestion du talent au niveau du gouvernement (Nouvelle fenêtre). Ce programme du gouvernement provincial fournit à des cadres actuels ou potentiels des possibilités pour perfectionner leurs compétences en leadership à l’intérieur et/ou à l’extérieur de leur ministère actuel.

Sylvie Nadeau dénonce le recours à ce programme dans ce cas. L’offre d’emploi, souligne-t-elle, ne précisait pas que les candidats ou les personnes inscrites au Programme de gestion du talent auraient la priorité même sans les qualifications. Alors ça, cette raison-là qui est donnée, pour moi, est d’un ridicule extraordinaire.

Le gouvernement persiste et signe

Le ministre de l’Éducation postsecondaire, de la Formation et du Travail, Trevor Holder, a affirmé au début du mois de mars que les allégations de favoritisme entourant la nomination de Kevin Cormier n’étaient pas fondées. Il a déclaré avoir été assuré par son ancienne sous-ministre que le processus d’embauche approprié avait été suivi. Le ministre a aussi suggéré à la population de laisser le temps à M. Cormier de faire ses preuves.

Sylvie Nadeau estime qu’il est inacceptable de nommer quelqu’un qui n’a pas encore fait ses preuves à un poste de haute direction.

ans. Il a toujours été dirigé, comme la loi le dit, par un bibliothécaire provincial. Si la loi même dit bibliothécaire provincial, ça doit vouloir dire quelque chose”,”text”:”Est-ce que moi je pourrais être nommée solliciteur général et qu’on me donne la chance? Est-ce que je pourrais être nommée médecin hygiéniste en chef et qu’on me donne la chance? La bibliothéconomie, c’est une profession. Le réseau des bibliothèques publiques du Nouveau-Brunswick existe depuis 66ans. Il a toujours été dirigé, comme la loi le dit, par un bibliothécaire provincial. Si la loi même dit bibliothécaire provincial, ça doit vouloir dire quelque chose”}}” lang=”fr”>Est-ce que moi je pourrais être nommée solliciteur général et qu’on me donne la chance? Est-ce que je pourrais être nommée médecin hygiéniste en chef et qu’on me donne la chance? La bibliothéconomie, c’est une profession. Le réseau des bibliothèques publiques du Nouveau-Brunswick existe depuis 66 ans. Il a toujours été dirigé, comme la loi le dit, par un bibliothécaire provincial. Si la loi même dit bibliothécaire provincial, ça doit vouloir dire quelque chose, lance Sylvie Nadeau.