Suspendre la cote R au cégep cet hiver était « la moins pire » des solutions
Écrit par Radio Centre-Ville sur 19 avril 2020
Des étudiants sont en colère devant la décision du gouvernement Legault de suspendre la cote de rendement au collégial pour la session d’hiver 2020. Il y a toutefois consensus dans le réseau à l’effet qu’il s’agit de la meilleure solution, ou plutôt de « la moins pire ».
Le sentiment d’injustice est vif chez plusieurs étudiants qui comptaient sur la session d’hiver 2020 pour améliorer leur cote R, un critère d’admission à l’université pour les programmes contingentés et certaines bourses d’études.
Beaucoup ont l’impression d’avoir fourni des efforts « pour rien », puisque leurs bonnes notes accumulées depuis janvier ne seront pas comptabilisées dans le calcul de leur cote R.
Les témoignages se multiplient et des pétitions ont été lancées en ligne demandant au ministre de l’Enseignement supérieur, Jean-François Roberge, de reconsidérer la décision, qui devrait officiellement être annoncée lundi.
Les demandes d’admission à l’université pour la session d’automne 2020, règle générale, ont déjà été envoyées. La cote R de l’hiver 2020 n’avait donc pas d’effet. Toutefois, les étudiants qui vont s’inscrire à l’automne 2021 auront une session de moins dans leur calcul au moment de faire leur demande d’admission.
Consensus dans le réseau
Aussi frustrante soit la décision pour certains, l’ensemble des partenaires du réseau collégial croit qu’il s’agissait de la solution la plus équitable dans le contexte de la pandémie et du maintien de la session à distance.
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, soutient Bernard Tremblay, président-directeur général de la Fédération des cégeps.
On comprend que pour certains, c’est dommage et que c’était pour eux une opportunité de faire un effort particulier. Mais il faut regarder la situation de l’ensemble des étudiants au Québec.
est là pour assurer la plus grande équité possible entre les étudiants”,”text”:”La cote Rest là pour assurer la plus grande équité possible entre les étudiants”}}” lang=”fr”>La cote R est là pour assurer la plus grande équité possible entre les étudiants
, poursuit-il, convenant au passage que cette cote était une grande source d’anxiété dans la communauté étudiante, et ce, bien avant la pandémie de COVID-19. Raison pour laquelle, dit-il, une réflexion s’est amorcée sur celle-ci dès le début de la crise
, le 13 mars.
Une première solution retenue a été de proposer deux méthodes de calcul de la cote R pour la session en cours. Une avec les notes de l’hiver 2020 et l’autre en les excluant. La meilleure moyenne serait ensuite retenue.
Bernard Tremblay, président-directeur général de la Fédération des cégeps
Photo : Radio-Canada / Courtoisie
Mais la situation a depuis changé, selon M. Tremblay, notamment à cause de la reprise difficile des cours dans certains cégeps et pour certains étudiants lors de la semaine du 6 avril. Il y a des contraintes variables
aux quatre coins de la province, dit-il.
Il y a des étudiants qui se retrouvent à faire de la formation à distance avec une connexion Internet qui n’est vraiment pas idéale. Il y a des étudiants qui travaillent dans le réseau de la santé, il y a des parents qui doivent étudier avec des enfants en bas âge
, énumère-t-il.
À partir du moment où on ne calcule pas, pour tout le monde, on se met dans une situation qui me semble plus équitable. L’exception n’est pas applicable qu’à certains, mais à tous.
Il rappelle finalement que des étudiants n’étaient pas assurés de pouvoir augmenter leur cote R en raison des mesures d’assouplissement déjà mises en place par le ministère de l’Enseignement supérieur.
En ouvrant la porte aux enseignants d’offrir des mentions d’équivalence, d’incomplet ou à conserver des notes chiffrées, trop cas de figure
pouvaient compromettre le principe d’équité derrière la cote de rendement, selon M. Tremblay, qui invite les étudiants à ne pas remettre leurs efforts en question.
À défaut de mieux en temps de crise, il faut retenir les solutions les moins pires
, croit-il. Cette session restera toujours atypique pour tous les étudiants.
Que vaudrait la cote R?
Le son de cloche est similaire à la Fédération des enseignantes et enseignants au cégep (FEC-CSQ). R [si elle est conservée]?”,”text”:”Que vaudra cette coteR [si elle est conservée]?”}}” lang=”fr”>Que vaudra cette cote R [si elle est conservée]?
, demande la présidente du syndicat, Lucie Piché.
Avec le Ministère, les associations étudiantes, les syndicats et la Fédération des cégeps, elle assure que l’analyse a été poussée jusqu’au bout. On a fait le tour des cas de figure et ça nous apparaissait la solution la moins pire, tout en étant conscient que ça peut défavoriser des étudiants qui redoublent d’efforts
, insiste-t-elle.
Mme Piché rappelle que les enseignantes et les enseignants ne sont pas tous égaux, eux non plus, devant la crise sanitaire, ajoutant une autre variable dans les différences de traitement de tous les étudiants au Québec.
Dans le contexte actuel, il n’y aura pas de solution idéale.
Des constats partagés par Yves De Repentigny, vice-président du regroupement cégep à la Fédération,par la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec.
Il évoque d’autres risques et défis qui incombent aux enseignants en ces temps particuliers. R ne résulte pas de tricherie, fraude ou plagiat”,”text”:”Dans un contexte d’évaluation à distance, il est plus difficile de s’assurer que l’augmentation de la coteR ne résulte pas de tricherie, fraude ou plagiat”}}” lang=”fr”>Dans un contexte d’évaluation à distance, il est plus difficile de s’assurer que l’augmentation de la cote R ne résulte pas de tricherie, fraude ou plagiat
, donne-t-il en exemple.
La Fédération étudiante collégiale du Québec a été la plus insistante à demander cette suspension de la cote R. Son président s’est dit satisfait de la nouvelle, samedi.
Le cabinet du ministre Jean-François Roberge n’a pas souhaité émettre de commentaires, dimanche.