Julie Payette, les deux pieds sur la planète COVID-19

Écrit par sur 19 avril 2020

Pas de robe. Pas de maquillage. Pas de flafla. Julie Payette apparaît sur mon écran d’ordinateur vêtue d’une veste en nylon et coiffée d’une queue de cheval.

Le son du Skype ne fonctionne pas. Elle me demande de la rappeler, elle n’est pas sur le bon canal.

Je renoue avec mon métier d’ingénieur, dit Son Excellence en riant. Je suis mon propre technicien de son.

Julie Payette est seule à la résidence de la gouverneure générale du Canada où elle demeure pour assumer ses responsabilités constitutionnelles.

Mon fils est avec moi, mais mes employés sont en télétravail, dit-elle. Le confinement, c’est une marque de solidarité. Le vide dans nos rues, c’est une marque d’amour, résume-t-elle.

On la sent émue, à fleur de peau. Il y a des gens malades, des gens coincés, des gens qui perdent la vie. C’est très dur.

Elle évoque des entrepreneurs de sa connaissance menacés par la faillite. C’est le labeur de toute une vie, ça aussi c’est dur.

Le 11 avril dernier, Julie Payette apposait la sanction royale au plan d’intervention économique du Canada pour répondre à la COVID-19.

Ce jour-là, le premier ministre Justin Trudeau déclarait au sujet de la mesure exceptionnelle qui coûtera 73 milliards de dollars au trésor public : Il s’agit de la politique économique canadienne la plus importante depuis la Deuxième Guerre mondiale.

J’ai demandé à Julie Payette si au moment de signer ce document historique, elle avait conscience, justement, de vivre un moment historique.

J’étais contente que la démocratie ait joué son rôle, que les parlementaires aient débattu, que ça ait été présenté au Sénat. C’est le plus important.

La scientifique est prudente, mais tout de même, l’adjectif historique n’est pas emphatique dans le contexte.

Je n’ai pas de boule de cristal, mais je crois, en effet, qu’on va se dire après coup que nous avons vécu un moment historique.

L’entrée principale de Rideau Hall, résidence de la gouverneure générale du Canada.

Photo : Cplc Mathieu Gaudreault, Rideau Hall

L’expérience de l’astronaute

Je me souviens très bien du premier voyage de Julie Payette dans l’espace. J’étais à l’université et tout le monde était fier de cette jeune scientifique, une femme, ingénieure de formation, dans la navette spatiale Discovery.

Aujourd’hui, Son Excellence parle de ses années d’astronaute comme celles de son ancien métier. Et son ancien métier lui donne une perspective, une expérience hors-norme et pourtant très terre-à-terre. En temps de confinement, il faut prendre soin de soi.

Lors des séjours dans l’espace, il y a des cycles, dit-elle. Les premières semaines passent très vite. Il se passe tellement de choses. On change la routine, il faut s’habituer à tout.

Arrive la deuxième phase, plus difficile. downs auxquels il faut être attentifs et prendre soin de soi.”,”text”:”C’est là qu’on prend pleinement conscience qu’on ne peut pas aller prendre une marche, voir ses proches autrement que sur des écrans et c’est là qu’il y a des downs auxquels il faut être attentifs et prendre soin de soi.”}}” lang=”fr”>C’est là qu’on prend pleinement conscience qu’on ne peut pas aller prendre une marche, voir ses proches autrement que sur des écrans et c’est là qu’il y a des downs auxquels il faut être attentifs et prendre soin de soi.

Julie Payette a toujours des amis en orbite.

Le 9 avril dernier, son ami Chris Cassidy a rejoint la Station spatiale internationale. Elle lui a écrit pour savoir si la crise se voyait d’en haut. Son Excellence farfouille sur son bureau. Attendez, je cherche, la réponse est rentrée ce matin! Elle trouve.

Les collègues astronautes ont dit à Chris qu’il y avait moins de traces blanches d’avion dans le ciel, de smog, mais qu’on ne voit pas l’arrêt des activités humaines vu du ciel.

Dire merci, autant qu’il le faudra

Scientifique dans l’âme, Julie Payette veut prendre la plume pour aider les Canadiens à se prémunir contre les fausses nouvelles, la désinformation qui circule.

Au-delà de la signature de décrets, elle veut aussi donner des médailles du mérite virtuellement. Dire merci aux Canadiens.

Cette semaine, la gouverneure a rencontré virtuellement des médecins de l’Hôpital du Sacré-Coeur à Montréal pour leur dire merci.

Les travailleurs de la santé doivent accompagner des gens qui meurent seuls à l’hôpital, sans leur famille. C’est très dur, ça aussi.

Les yeux de la gouverneure générale s’embuent, puis elle reprend la perspective de celle qui a vu la boule de loin.

Cette pandémie nous donne l’occasion de saisir à quel point nous sommes tous interdépendants sur cette planète. Et que c’est ensemble qu’on va s’en sortir. Ensemble, c’est la seule arme qu’on a.


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