Sept mythes dégonflés par le super mardi
Écrit par Radio Centre-Ville sur 5 mars 2020
Un revirement aussi important que celui qui s’est produit dans les 48 heures qui ont précédé le super mardi dans les primaires démocrates est toujours riche en enseignements. Dans ce cas-ci, cela permet surtout de dégonfler certains mythes qui entouraient cette campagne à l’investiture démocrate.
1) Le Parti démocrate a viré à gauche depuis l’élection de Donald Trump
En fait, ce qu’on peut lire dans les résultats du super mardi, c’est que le groupe d’électeurs le plus nombreux est le groupe des centristes, qui sont sortis en masse pour Joe Biden, lui que l’on disait fini trois jours plus tôt.
Encouragés par les défections de Pete Buttigieg et d’Amy Klobuchar, ces démocrates ont clairement montré par leurs votes qu’ils voulaient un candidat plus centriste et pas un candidat qui se qualifiait lui-même de socialiste. Ce n’est pas une grande surprise, mais le verdict a été très clair.
2) L’organisation sur le terrain est très importante dans une primaire
C’est ce qu’on disait avant le super mardi, ce qui devait donner un avantage majeur à Bernie Sanders, dont les locaux électoraux regorgeaient de militants dévoués et motivés, alors que l’organisation de Joe Biden était souvent famélique. Mais, aux États-Unis comme dans le reste du monde occidental, l’organisation — la «machine électorale
comme on dit souvent — a de moins en moins d’importance.
À la dernière élection au Québec, la CAQ n’avait pas la meilleure organisation sur le terrain en comparaison aux libéraux ou aux péquistes. Or, ceux-ci savent que, bien souvent, leur machine à faire sortir le vote n’a fait qu’amener des électeurs de la CAQ aux bureaux de scrutin. La même chose est vraie aux États-Unis!
3) Les appuis des autres politiciens ne valent pas grand-chose
Un politicien respecté et bien implanté dans sa communauté peut faire la différence. En Caroline du Sud, samedi dernier, l’appui de Jim Clyburn, le numéro trois de la Chambre des représentants et l’un des leaders afro-américains les plus influents a littéralement sauvé la mise pour Joe Biden. Sa victoire en Caroline du Sud a convaincu Pete Buttigied et Amy Klobuchar de se retirer avant le super mardi, donnant ainsi un fort élan à Joe Biden.
4) On peut se fier aux sondages pour prédire le résultat d’une élection
Ce n’est plus tellement vrai, ni aux États-Unis ni ailleurs. Pour la simple et bonne raison que les électeurs ont de plus en plus tendance à se décider le jour même du vote, quand ce n’est pas dans l’isoloir. Ce n’est donc pas la faute des sondeurs ou de la qualité de leurs sondages : ils ne peuvent pas empêcher les électeurs de changer d’idée.
On l’a vu grâce aux sondages menés à la sortie des bureaux de scrutin, un nombre important, dans certains cas jusqu’à la moitié, des électeurs de Joe Biden avaient pris la décision de l’appuyer au cours des 48 heures avant le vote.
5) Le Parti démocrate va (encore) travailler contre Bernie Sanders
En 2016, cela avait été révélé par les courriels du Comité national démocrate publiés par WikiLeaks, le quartier général du parti avait ouvertement travaillé contre Bernie Sanders et pour Hillary Clinton. Mais cette fois et jusqu’à preuve du contraire, le camp Sanders ne peut que blâmer les électeurs du super mardi qui ont voté en majorité pour Joe Biden.
Bien sûr, la plupart des têtes dirigeantes du Parti démocrate n’ont pas beaucoup d’atomes crochus avec le sénateur du Vermont. Mais rien n’indique que le parti ait tenté d’aider directement ses adversaires. En fait, l’un des premiers à soulever l’hypothèse de primaires « arrangées » (#RiggedPrimary) a été le président Trump lui-même.
6) Un taux de participation plus important aide Sanders
C’était l’un des arguments de la campagne Sanders qui prétendait être capable de forger la coalition la plus large. En fait, les résultats du super mardi montrent le contraire. Plus le taux de participation a été élevé, plus la victoire de Joe Biden a été importante. Sa victoire la plus nette, en Virginie, a été acquise grâce à une hausse de 69 % d’électeurs à la primaire, en comparaison à celle de 2106. Sa victoire la plus surprenante, celle du Texas, est venue avec une augmentation de 60 %.
7) Les partisans de Sanders ne vont pas se rallier à Biden
Évidemment, on ne le saura vraiment qu’au lendemain des élections du 3 novembre prochain. Mais les sondages de sortie des bureaux de vote indiquent clairement que, contrairement à 2016, la plus importante motivation des électeurs aux primaires démocrates est de battre Donald Trump, plus encore que de soutenir leur candidat préféré. En 2016, un très grand nombre d’électeurs démocrates ne croyaient tout simplement pas qu’il soit possible que Donald Trump l’emporte.