Des pourparlers « encourageants » entre les Wet’suwet’en, la C.-B. et le fédéral
Écrit par Radio Centre-Ville sur 28 février 2020
Les chefs héréditaires des Wet’suwet’en et les représentants des gouvernements fédéral et provincial étaient de retour vendredi matin autour de la table de négociations, à Smithers, afin de trouver une issue à la crise des blocages ferroviaires. Des pourparlers qui semblaient aller dans « la bonne direction », selon les représentants du gouvernement.
Après une première rencontre qualifiée de « productive » par les ministres, les discussions allaient toujours bon train vendredi. « Des progrès ont été réalisés », a assuré Nathan Cullen, le négociateur invité par les gouvernements à participer à la table des discussions.
Les chefs héréditaires et les ministres ont notamment abordé vendredi matin la question épineuse des droits ancestraux et autochtones. Et bien que les attentes restaient élevées de part et d’autre, Nathan Cullen a mentionné qu’à ce stade des discussions une résolution semblait tout à fait envisageable.
Tout le monde comprend que c’est une situation critique et complexe, car les enjeux sont historiques. Mais nous allons dans la bonne direction
, a affirmé le négociateur en indiquant qu’il y avait une volonté partagée d’arriver à la résolution de cette crise.
Le lien de confiance doit être restauré, c’est très important. Les discussions et les relations ont été rompues dans le passé. Nous avons besoin aujourd’hui de rétablir ce dialogue et de sécuriser toutes les parties afin d’arriver à une solution commune.
Le ministre britanno-colombien des Relations avec les Autochtones et de la Réconciliation, Scott Fraser, a mentionné qu’il était prêt à rester à la table des négociations aussi longtemps que cela serait nécessaire. M. Fraser a également rappelé qu’il avait eu 25 heures de discussions avec les chefs héréditaires, il y a plusieurs semaines, et que son gouvernement avait travaillé en étroite collaboration avec eux, de sorte qu’ils se connaissent déjà bien.
Le territoire traditionnel de la nation Wet’suwet’en en Colombie-Britannique.
Photo : Radio-Canada
Les chefs héréditaires des Wet’suwet’en ont accepté de dialoguer avec les gouvernements en raison du respect de leurs demandes. La Gendarmerie royale du Canada (GRC) a accepté de se retirer du chemin menant au chantier du gazoduc Coastal GasLink et le promoteur du gazoduc a également interrompu ses activités de construction, durant la période de négociations, qui devait durer deux jours.
Selon les chefs héréditaires, ces gestes de bonne foi permettent d’entamer ces discussions de manière plus sereine. Mais il était toujours important pour eux que la GRC et Coastal GasLink s’engagent à maintenir leur retrait de leur territoire si les négociations devaient se prolonger.
Les chefs regrettent cependant que le premier ministre Justin Trudeau et son homologue provincial, John Horgan, aient refusé les invitations à discuter du projet de gazoduc Coastal GasLink. Or, la ministre des Relations Couronne-Autochtones, Carolyn Bennett, a semblé laisser la porte ouverte, vendredi, à une éventuelle rencontre impliquant les deux premiers ministres.
Nous devons travailler fort. Nous aimerions qu’une réunion avec les premiers ministres soit une bonne réunion, et nous devons encore travailler
, a-t-elle déclaré vendredi matin, avant d’entrer dans les bureaux des Wet’suwet’en.
Des « gardiens de la paix » autochtones
Le Conseil mohawk de Kahnawake, qui suit attentivement l’évolution des négociations à Smithers, a proposé vendredi que ses Peacekeepers dirigent une force de police autochtone temporaire pour patrouiller dans le territoire de la Première Nation en Colombie-Britannique.
Le grand chef de Kahnawake, Joseph Norton, a affirmé que cette solution permettrait à la GRC
de se retirer du secteur, pendant que les chefs héréditaires et les représentants des gouvernements négocient pour dénouer l’impasse.Selon le Conseil mohawk, les peacekeepers pourraient calmer le jeu et rassurer la population.
La confiance. C’est la seule chose qui sépare la GRC de nos policiers autochtones. Ils ont la même formation que ceux de la GRC, mais pourront apporter un climat de confiance. C’est une solution temporaire pour créer une atmosphère paisible durant les négociations.
Or, selon le négociateur, qui n’était pas informé de cette proposition vendredi matin, il faudrait que cette offre provienne de la table des négociations et que toutes les parties soient d’accord pour l’adopter.
Coastal GasLink prend une pause
Les pourparlers à Smithers devaient se terminer vendredi, mais les ministres ont déclaré qu’ils étaient prêts à tous les scénarios et pourraient rester à Smithers en fin de semaine.
Avant le début de la réunion, jeudi, la GRC
et l’entreprise Coastal GasLink, promoteur du gazoduc contesté, avaient déclaré qu’elles acceptaient les conditions des chefs pour permettre aux discussions de progresser. La compagnie de gaz naturel a consenti à une pause de deux jours dans ses activités dans le nord-ouest de la Colombie-Britannique, tandis que la GRC s’est engagée à mettre fin aux patrouilles le long d’une route critique, pendant le déroulement des négociations.Le promoteur du gazoduc a interrompu ses activités de construction, durant la période de négociations.
Photo : Chantelle Bellrichard/CBC
L’opposition des chefs héréditaires au passage du gazoduc sur leur territoire traditionnel, couplée à leurs efforts pour limiter la présence policière chez eux, a déclenché des manifestations de soutien à travers le pays qui ont interrompu le service ferroviaire au cours des trois dernières semaines.
Le différend sur le projet de gazoduc Coastal GasLink a commencé il y a des mois, mais les tensions ont commencé à augmenter le 31 décembre, lorsque la Cour suprême de la Colombie-Britannique a accordé à l’entreprise une injonction interdisant toute obstruction des routes, ponts ou chantiers sur le territoire des Wet’suwet’en.
La GRC
est intervenue le 6 février pour faire appliquer cette injonction. Quelques heures plus tard, les manifestants ont commencé à bloquer le trafic ferroviaire près de Belleville, en Ontario, empêchant le transport de marchandises et de passagers. D’autres chemins de fer ont ensuite été bloqués, notamment à Kanesatake, au sud de Montréal, et à Listuguj, en Gaspésie.