Un nouveau parti politique autochtone veut voir le jour
Écrit par Radio Centre-Ville sur 10 février 2020
Être Inuk, Métis, Première Nation, ou simplement avoir la « fibre autochtone ». Nul besoin d’être autochtone pour devenir membre du Parti autochtone du Québec, une nouvelle organisation politique qui pourrait voir le jour. Évoquant une manœuvre frauduleuse, l’Assemblée des Premières Nations du Québec-Labrador se dissocie du nouveau regroupement.
Le 23 janvier, José Pouliot, un résident des Cantons de l’Est, a réservé le nom Parti autochtone du Québec
auprès d’Élections Québec. Cette réservation est valable pour une période de six mois. M. Pouliot a maintenant jusqu’en juillet pour amasser un minimum de 100 signatures d’appui et faire un dépôt de 500 $ pour que son parti soit autorisé.
Le parti a cette particularité qu’il suffit d’avoir la fibre autochtone
pour être membre, souligne en entrevue José Pouliot, qui se fait aussi appeler White Crow
. Ce dernier espère regrouper un large éventail de personnes, des Premières Nations et d’Inuit, mais aussi ceux qui s’identifient métis ou qui cherchent à se rapprocher des communautés autochtones
. Sur sa page Facebook, qui compte quelque 700 membres, le groupe définit une personne de fibre autochtone comme étant les indiens non-inscrits, les sang-mêlé oubliés, les Métis non reconnus et les Québécois et Québécoises de souche qui revendiquent cette identité
.
Le nouveau regroupement viendrait appuyer les revendications autochtones
, revendications qui ne sont pas encore définies. Pour l’instant, l’organisation est composée de six individus. Aucun ne fait partie d’une communauté reconnue ni n’est autochtone au sens de la loi, reconnaît José Pouliot. Lui-même affirme ne pas être autochtone de sang (« pas dans le court terme », précise-t-il). Je vis mon appartenance à la nation autochtone vraiment d’une manière sérieuse
, dit-il, en donnant comme exemple sa participation annuelle à la danse sacrée du soleil
de la communauté micmaque de Gesgapegiag, en Gaspésie.
Slameur et propriétaire d’une clinique de physiothérapie et d’hypnose médicale
, José Pouliot a formé en 2018 un groupe de Métis, dont il ne fait plus partie. Il préfère d’ailleurs ne plus se définir comme métis micmac, comme il le faisait auparavant. M. Pouliot évoque le lobby
, c’est-à-dire les groupes métis de l’ouest qui disent être une nation distincte établie uniquement dans l’Ouest canadien. Malgré l’abondance de groupes autoproclamés métis dans l’est du pays, comme au Québec, aucun d’entre eux n’est reconnu par l’État.
« De la fausse représentation »
En entrevue, le chef de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL) Ghislain Picard accuse ce nouveau regroupement de vouloir se légitimer en s’associant avec son organisation sans son consentement
. C’est carrément de la fausse représentation
, affirme le chef Picard au sujet de ce regroupement, dont le logo en haut de sa page Facebook est un drapeau du Québec sur lequel sont juxtaposées quatre plumes.
Le chef de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador, Ghislain Picard.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
C’est un nouveau terme que j’entends, celui de “fibre autochtone”. Donc il n’y a vraiment plus de limite
, affirme en entrevue le chef Picard, qui dénonce par la même occasion un problème généralisé
.
Ce n’est pas la première fois que des chefs dénoncent ces personnes qui prétendent frauduleusement
faire partie des Premières Nations pour obtenir des postes ou des droits de chasse, ou encore pour vendre des services à des Autochtones. Le chef estime que l’APNQL doit d’avoir une position claire
. Lors d’une prochaine rencontre, les 43 chefs autochtones comptent en discuter, dit-il.
Le seul Autochtone à avoir siégé à l’Assemblée nationale est l’Abénakis Alexis Wawanoloath, élu en 2007 sous la bannière du Parti québécois.