La canicule force Québec à devancer ses plans de climatisation des CHSLD

Écrit par sur 25 mai 2020

Le gouvernement Legault a décidé d’accélérer le déploiement de nouvelles unités de climatisation dans les CHSLD, où le défi de la gestion de la canicule s’ajoute à celui de la lutte contre la COVID-19.

Le temps chaud et humide qui se profile à l’horizon fera certainement faire un peu de gymnastique aux gestionnaires des foyers pour aînés de la province, a reconnu la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, lors du point de presse des autorités québécoises.

C’est que le Québec, et plus particulièrement Montréal, s’apprête à connaître une semaine de chaleurs records pour un mois de mai. Et les centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD), où les résidents sont déjà vulnérables à la pandémie du nouveau coronavirus, ne sont pas tous équipés pour affronter cette canicule.

Conscient de l’enjeu de la climatisation dans ces résidences – seulement 25 % à 33 % des chambres en CHSLD sont munies d’un climatiseur –, le gouvernement travaillait déjà sur un plan à cet effet avant la pandémie. En raison des prévisions météo, il sera lancé plus tôt que prévu.

On a un plan qui devait se déployer au mois de juin pour ajouter des unités additionnelles de climatisation, et on va le devancer, l’accélérer, a déclaré Mme McCann. Sans donner d’échéancier précis, la ministre a assuré que ce plan serait exécuté à court terme.

Nous y travaillons déjà. Nous voulons que ce soit en place le plus rapidement possible, a-t-elle ajouté.

Indépendamment de la COVID-19, on avait le plan. On va l’accentuer.

Le premier ministre François Legault assure que 97 % des CHSLD possèdent à l’heure actuelle des zones où il y a plus de fraîcheur, et que l’objectif est de doter 100 % du réseau de ces zones permettant de regrouper les résidents en période de chaleur extrême. Mais honnêtement, il y a encore du travail à faire, a-t-il lâché.

Ces zones climatisées dont a fait mention le premier ministre en point de presse nécessitent toutefois des déplacements. Ça suppose dans certains cas de prendre les résidents de leur chambre pour les amener dans cette zone-là, a-t-il expliqué.

Un casse-tête en vue

Il faudra faire preuve de beaucoup de prudence pour que les populations infectées et non infectées [à la COVID-19 dans les CHSLD] n’entrent pas en contact l’une avec l’autre lors des transferts vers des zones climatisées, a résumé la ministre McCann.

La santé publique évalue donc différentes solutions, qui pourraient varier selon les régions. Dans l’un des scénarios, les résidents souffrant de la COVID-19 seraient rassemblés dans une même zone climatisée, qui serait alors protégée, au même titre que les corridors y menant.

Selon un autre scénario évoqué par la ministre McCann, de l’équipement additionnel permettrait l’installation d’unités extérieures, qui feraient passer l’air conditionné par les fenêtres. Cette solution permettrait la climatisation dans de nombreux édifices vétustes du réseau, où le risque de surcharge de courant électrique est un enjeu.

Évoquant le recours à des génératrices extérieures et à des mécanismes de ventilation conçus par des firmes spécialisées, le directeur national de santé publique, Horacio Arruda, a indiqué que d’autres solutions pourraient être mises en place pour s’assurer que les aînés ne seront pas incommodés par la chaleur cet été.

De nouvelles directives pour les ventilateurs sur pied

À la suite d’une publication de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) au début du mois selon laquelle le recours à certains types de climatiseurs pourrait contribuer à la dispersion de gouttelettes contenant du SARS-CoV-2 en présence de personnes infectées, que celles-ci soient symptomatiques ou non, de nouvelles directives concernant l’utilisation de climatiseurs mobiles et de ventilateurs sur pied ont été envoyées lundi après-midi aux PDG des CISSS et des CIUSSS.

Faute de données probantes substantielles sur les risques de propagation du coronavirus reliés spécifiquement à ces deux types de climatisation, l’INSPQ demande aux gestionnaires de procéder au cas par cas.

La décision d’utiliser ces appareils dans la chambre et sur une unité où des usagers suspectés ou confirmés d’être atteints de la COVID-19 sont hébergés doit être soumise localement à une évaluation du risque pour déterminer si les avantages dépassent les désavantages de l’utilisation de ces appareils, peut-on y lire.

En outre, ceux qui décideront d’utiliser des climatiseurs mobiles et des ventilateurs sur pied dans les zones rouges de leur établissement – autant en milieu hospitalier qu’en CHSLD ou en résidences pour personnes âgées (RPA) – devront prévoir un entretien plus fréquent, qui comprendrait par exemple le nettoyage des pales des ventilateurs sur pied.

Le premier ministre Legault, qui affirme être toujours en voie de réaliser sa promesse de 2018 de réformer le réseau des CHSLD, a rappelé que son projet de Maisons pour aînés, dans lesquelles les résidents auront des chambres plus grandes et climatisées, devrait débuter cet automne. Mais les travaux de rénovation et de construction ne se feront pas du jour au lendemain, a-t-il souligné.


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